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Magnolia Crescent

Magnolia Crescent
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9 septembre 2007

"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé"

rating: K
personnage principal: Hermione Granger
note: ATTENTION SPOILERS T.7 Si vous n'avez pas lu le tome 7 et ne désirez pas savoir ce qui s'y passe, ne lisez pas ce qui suit. Le titre est emprunté à Lamartine et la chanson à Yazoo.

mid_Dans_le_metroHermione s'engouffra dans le métro. Le nez dans son écharpe, les écouteurs dans les oreilles, elle ne prêtait aucune attention au monde qui l'entourait. Elle avait eu une longue et dure journée. Elle était fatiguée, sentait sa gorge qui la démangeait. Bientôt, elle aurait une engine. Elle avait les yeux brillants,  de froid ou de fièvre, elle n'aurait su le dire. Elle était épuisée, et fut plus que soulagée de voir une vieille dame descendre de la rame. Elle prit sa place.

Le front collé contre la vitre, elle se laissa bercer par les mouvements du train. Il faisait chaud. Elle était bien. La musique lui fit oublier où elle était. Elle ferma les yeux.

Elle revoyait le dernier combat. Le chaos qui régnait alors. Puis les funérailles de Fred, Remus, Tonks. Pendant quelques mois, elle avait vécu avec Ron et sa famille au Terrier. Puis leur relation s'était dégradée et ils s'étaient séparés. Oh! Elle le voyait encore très régulièrement. Ils se disputaient toujours autant, se lançaient quelques sorts de temps en temps sous le regard d'un Harry qui ne savait plus que faire. Cependant, depuis, elle n'avait connu personne d'autre. Elle avait trouvé un emploi dans une librairie de la banlieue de Londres afin de payer ses études dans le monde magique.

Looking from a window above
It's like a story of love
Can you hear me?
Came back only yesterday
I'm moving further away
Want you near me.

Elle n'avait plus revu ses parents depuis le jour où elle les avait envoyés en Australie. Elle y pensait souvent, et quelquefois, elle sentait un pincement dans sa poitrine. Les reverrait-elle un jour? Elle l'ignorait. Son bon sens lui disait que non, mais son optimisme lui soufflait qu'il ne fallait jamais perdre espoir.

En cette période de Noël, elle n'avait pas une minute de repos et travaillait jusque tard le soir dans la petite boutique moldue. La librairie ne désemplissait pas de la journée. Elle n'avait donc revu personne depuis plusieurs semaines. À ce moment, sa solitude lui apparut dans toute sa splendeur et lui écorcha le cœur sans préavis.

All I needed was the love you gave
All I needed for another day
And all I never knew
Only you

Hermione retint ses larmes. Elle n'avait pour ainsi dire pas d'amis dans le monde moldu. Et elle n'avait pas mis les pieds dans son monde depuis tellement longtemps! Harry lui manquait cruellement, mais il était parti au fin fond de l'Amérique du Sud afin d'erradiquer les derniers Mangemorts en fuite. Ron quant à lui était débordé: sa taverne à Pré-au-Lard était comble du matin jusqu'au soir. Il avait même demandé l'aide de Ginny et Dean. Tous les Weasley étaient dépassés. Bref, elle n'avait pu voir personne, et personne n'était venu la voir.

Le métro ralentit. Elle leva un regard las. Elle n'avait pas fait la moitié du trajet. Les gens se bousculèrent. Descendirent. Montèrent. Quelqu'un s'assit près d'elle. Elle se resserra contre la paroi et renfonça son nez dans son écharpe.

Sometimes when I think of [your] name
When it's only a game
And I need you
Listen t the words that you say
It's getting harder to stay
When I see you

La musique dans ses oreilles avait un drôle de timbre. Il semblait faire écho à ses pensées. Elle se sentait seule. Pourquoi se disputaient-ils sans arrêt? Elle voulait être près d'eux. Près de lui. Elle serra les poings et ses ongles pénétrèrent dans ses paumes. Elle serra les paupières. Fort. Très fort, pour empêcher les larmes de couler.

Dehors il faisait froid. Elle faisait des cauchemars depuis plusieurs nuits et son état s'en ressentait. De grands cernes mauves se dessinaient sous ses yeux. Elle avait chaud. Elle avait froid. Elle ne savait plus trop. Elle se sentait vide. La journée durant, elle n'avait guère le temps de penser à tout ça, mais le soir venu, lorsque tout se calmait autour d'elle, quand le bruit du quotidien disparaissait sous la musique, alors elle sentait son corps qui réclamait du sommeil, elle sentait sa peau qui réclamait des caresses. Mais qu'y pouvait-elle? Alors elle attendait. Elle ignorait les appels incessants et lancinants de son propre corps et se noyait dans la lecture, comme elle l'avait toujours fait.

Elle avait toujours trouvé un refuge dans ces pages reliées, dans ces lignes noircies. C'était réconfortant. Cependant, elle avait l'impression que c'était désormais insuffisant. Elle voulait plus.

Les larmes passèrent le barrage de ses paupières. Le chagrin l'emplit d'un coup d'un seul, et sans crier gare, il la submergea. Les larmes se bousculaient maintenant au bord de ses yeux, glissaient silencieusement sur ses cils, roulaient sur ses joues avant d'aller se perdre dans les plis de son écharpe et dans le creux de son cou. Un sanglot la secoua.

L'homme qui était assis à côté d'elle la regarda de sous son chapeau. Il lui effleura l'épaule. Hermione le regarda, les yeux rougis et les larmes coulant toujours à flot. Il lui demanda ce qui n'allait pas. Elle ne répondit pas. Son malaise semblait grandir.

Comme en réponse à une question muette, il lui offrit son épaule pour qu'elle y dissimulât son chagrin. Lorsque ses larmes se tarrirent, elle leva ses yeux brillants vers l'inconnu. Elle le remercia du regard. Il ne posa pas de questions, elle ne donna pas de réponses.

Le métro ralentit avant de s'arrêter. « Je suis sûr que rien n'est perdu. Celui qui vous a mis dans cet état doit bien le regretter maintenant. Vous devriez aller lui parler. Sait-on jamais? L'espoir fait vivre... » Et avec un sourire, l'homme sortit de la rame. Hermione suivit son chapeau longtemps dans la foule qui se pressait sur le quai, jusqu'à ce qu'il disparaisse dans les couloirs tortueux.

This is going to take a long time
And I wonder what's mine
Can't take no more
Wonder if you'll understand
It's just the touch of your hand
Behind a close door.

Ses larmes avaient cessé de couler. Hermione avait pris sa décision. Elle irait passer Noël au Terrier.

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2 septembre 2007

Secrets

voldy_par_sofiauteur: Vorabiza
traductrice: merryme
genre: romance/aventure
personnages principaux: Harry, Draco, Ron, Hermione, Severus Snape, Remus Lupin, Narcissa Malfoy
rating: M (attention slash)
statut: terminée (62 chapitres) - traduction en cours (10 chapitres)
résumé: un complet tome 7 (sans spoilers!). Harry est chez les Dursley lorsqu'un soir Draco vient lui demander de l'aide.
mon avis: *********(etc.)
Cet auteur s'est vraiment posé des questions et les réponses données sont judicieuses. Les personnages sont très attachants, et même certains rôles secondaires sont rendus intéressants. Je crois que j'ai autant aimé cette fic que le vrai tome 7! A lire absolument.
(note: il ne peut y avoir de spoilers puisque l'écriture de cette fic fut achevé avant la parution de dernier tome. Cependant, certaines coïncidences sont amusantes.)

Secrets: V.O. / traduction

2 septembre 2007

Où les souvenirs se font vaporeux

rating: K+

IMGP0053Il ne devait pas avoir plus de huit ans à l'époque. Son père était parti en France pendant quelques jours, afin de rendre visite à ses parents. Lui, n'avait jamais vu ses grands-parents. Son père ne l'avait jamais emmené de l'autre côté de la Manche. Il l'avait attendu avec impatience, demandant tous les jours à sa mère: « Dis Maman, quand est-ce qu'il revient Papa? » « Bientôt mon chéri, bientôt. » Et il avait compté les jours. Lorsqu'enfin son père avait été de retour, il lui avait sauté dans les bras. Et lui l'avait serré très fort. Puis il lui avait dit de sa voix un peu grave: « Si tu me laisses respirer, je pourrai te donner ce que je t'ai rapporté. » A ce moment-là, ses yeux avaient brillé de curiosité. Il avait reculé, juste un peu. Son père avait fouillé dans les poches de son manteau de voyage et en avait sorti un petit paquet, tout froissé. Il l'avait saisi avec précaution, comme s'il risquait à tout instant de le briser. Doucement, en prenant garde de ne pas le déchirer, il avait ôté le papier, sous le regard amusé de ses parents. Alors était apparu un livre. Oh, pas un grimoire de sorts compliqués, non! Un tout petit livre relié de cuir et sur la couverture duquel on pouvait lire: Poésies d'Arthur Rimbaud. Son père lui avait expliqué qu'il lui offrait ce livre pour le récompenser de sa progression en français. Quelle fierté il avait éprouvée ce jour!

Le livre reposait, ouvert, sur la table de la cuisine. Le soleil irradiait la cuisine de ses rayons incandescents. Dans son bocal, le poisson rouge tournait en rond, comme à son habitude. Sur le bord de la table un grand bol empli d'un liquide sombre et fumant. Deux grandes mains blanches l'enserraient. Les yeux de Draco Malfoy étaient comme hypnotisés par cette boisson carmin. Dans la soucoupe, des taches allant du bleu le plus clair au violet le plus soutenu s'étalaient sous le sachet empli de fleur d'ibiscus. Le rouge profond du karkadé se reflétait dans son regard gris.
        I, lettre d'unité et d'unicité. Lettre de droiture: on lui avait toujours appris à se tenir droit comme lui. Lettre de précision: il n'aimait pas omettre le moindre point dans sa graphie.
        Pourpres. Couleur de sang royal. Couleur de noblesse. Il l'avait côtoyée depuis sa plus tendre enfance. On lui avait enseigné le nom de ses ancêtres et la fierté de son nom. Pourtant, on lui avait interdit de la porter, cette couleur « ennemie ». Le pourpre était bon pour les imbéciles lui avait-on dit. Jamais il n'en avait compris la raison. Mais toujours il avait obéi à son père. En grandissant, il lui avait semblé comprendre pourquoi on associait le rouge aux abrutis. Pourtant, c'est cette chaude couleur primaire et criarde qu'il avait suivie dans la guerre.
        Sang craché. Il avait suivi l'étendard vermillon. Pourtant, au bout de plusieurs heures de lutte, on ne le distinguait plus des autres. Quelle qu'eût été la couleur du drapeau avant, tout baignait dans cette nuance d'écarlate. La terre était creusée de rigoles teintées de cette riche tonalité et le sol buvait avidement ce liquide si précieux. Il avait disparu aujourd'hui: le brun et l'ocre étaient revenus. Mais dans leur mémoire, les hommes savaient qu'il y avait eu un jour un éclat sanguin qui avait élargi la palette de ces couleurs. Après cela, tout ce qui avait fait son enfance, tout ce qui lui restait de ses parents avait été détruit. Il revoyait parfaitement les sourires ravis d'adolescents emplis d'une haine inexpliquée et les crachats qui avaient fusé sur la tombe de son père. La seule chose qu'il avait réussi à conserver était ce livre. Il ne lui restait plus que quelques lambeaux de souvenirs accrochés à ces poésies françaises.
        Rire de lèvres belles. Pendant longtemps, il lui avait semblé que jamais plus il ne sourirait. Derrière ses paupières closes il revoyait le rire de sa mère, un rire franc et heureux. Puis il revoyait le rictus amusé de son père. Et la moue moqueuse de Severus Snape. Et tous les sourires qu'il avait croisés au collège et qu'il ne reverrait plus. Un jour pourtant, ses yeux s'étaient ouverts sur deux lèvres qui s'étiraient en un sourire empli de tendresse. Ce sourire, il s'y était accroché. Il ne voulait plus le perdre. Le sourire était devenu rire. Et ce son tintait encore à ses oreilles.
        Dans la colère. Oh bien sûr, il n'avait pas emporté ce rire du premier coup. Il s'était battu pour lui, avec lui. Tant d'années de colère et de mépris ne s'effaçaient pas ainsi, d'un revers de manche. Des éclats de voix, des gestes désordonnés. Des éclats de verre, des bris de vie. Des pans entiers de son existence avaient été rythmés par ces crises. Dégoût, réticence. Refus de la réalité et de sa propre faiblesse. Puis envie, jalousie. Peur panique. Peur de perdre ce sourire. Et son insouciance: qu'avait-il à faire de son inquiétude? Alors de nouveaux éclats. Et le calme. L'apaisement.
        Ou les ivresses pénitentes. Quelques mots. Il suffisait de le rassurer. Il avait toujours eu un faible pour les mots. Leur magie lui aurait fait croire tout et son contraire. Il les aurait suivis au bout du monde. Les mots devenaient caressants, les paroles se muaient en soupir. Les lèvres se fermaient et se rouvraient pour une toute autre occupation. Baisers enflammés où se trouvait tout ce que les mots ne pouvaient exprimer. Le silence entroucoupé de gémissements parlait parfois beaucoup mieux que le plus beau des discours. La raison faisait place à l'ivresse. Les sens désordonnés chassaient l'entendement. Et dans le tourbillon carmin de la passion, tous leurs péchés étaient pardonnés.
IMGP0052Hum. Draco se ressaisit. Il commençait sérieusement à délirer. Il devenait « grandiloquent » comme se serait plu à lui rappeler quelqu'un de sa connaissance. Le karkadé était mauvais pour son état mental, surtout lorsqu'il venait de relire une bonne dizaine de fois le poème « Voyelles ». Il observa un long moment la ligne rose qui s'était déssinée sur la porcelaine blanche, replongeant dans ses souvenirs.
C'est un bruit de clef dans la serrure qui le fit réagir. Enfin il rentrait!
« Bonsoir! C'est moi!
- Tout de même, ce n'est pas trop tôt!
- C'est toi Draco?
- Non c'est Marcus Flint venu t'annoncer son mariage avec Pomona Chourave!
- Non, c'est vrai?
- Enfin Harry! Réfléchis deux minutes! Qui d'autre que moi pourrait être ici à t'attendre?
- Ah oui, c'est vrai. »
Et le dénommé Harry entra dans la cuisine. Les yeux pétillant de joie, il faisait vaguement penser à un autre sorcier légèrement azimuté. Draco ne put retenir un sourire en le voyant fondre sur lui tel un oiseau sur sa proie. Bientôt, son sourire fut capturé par deux lèvres avides. Et il ferma les yeux, savourant ce bonsoir si délicieux.
« J'aime ce goût acidulé, soupira Harry dans son cou.
- Tu ne dirais pas ça si je buvais du café!
- Comment ça?
- Ce que tu aimes, c'est le goût des fleurs d'ibiscus.
- Tu manges des fleurs toi maintenant? »
Draco leva les yeux au ciel devant tant de stupidité. « Mais non! Je bois du karkadé, autrement dit, du thé de fleurs d'ibiscus. C'est ce liquide rose que tu vois au fond de ma tasse. Et c'est ce qui est acidulé. Je viens de m'en boire toute une théière. » Harry lui lança un regard interrogateur avant de lui donner un autre baiser, comme pour vérifier ses dires. Puis il lui demanda, avisant le livre ouvert sur la table: « Qu'est-ce que tu lisais donc?
- De la poésie française.
- Ah.
- I, pourpres, sang craché, rire de lèvres belles
  Dans la colère et les ivresse pénitentes.

- C'est encore ce poète français?
- Oui.
- Tu aimes ce livre, pas vrai?
- Oui. En même temps, comment pourrais-je ne pas l'aimer?
- Tu as raison.
- ...
- Draco?
- Oui?
- J'ai quelque chose pour toi. » Harry sortit de la poche de son pantalon un petit paquet tout froissé. Il s'excusa du regard pour l'état de son présent et le lui tendit. Les yeux de Draco brillaient d'excitation enfantine. Il ouvrit précautionneusement le paquet et y trouva un livre. Un petit livre de poche, tout ce qu'il y avait de plus banal. Mais lorsqu'il lut le titre, son cœur fit un bond dans sa poitrine.
        Une saison en Enfer, Arthur Rimbaud.

2 septembre 2007

Petit à petit

auteur: shono_hime
genre : romance
personnages principaux : Blaise Zabini, Théodore Nott
rating : M
statut : complète, en sept chapitres
résumé : Alors que la guerre se rapproche, Blaise Zabini est de plus en plus fasciné par son mystérieux camarade de dortoir, Théodore Nott.
mon avis : ***
C'est rare de lire des fics aussi bien écrites : l'ambiance, très particulière, convient très bien à ces deux personnages très peu présents dans les romans. Théodore, en particulier, a une classe assez impressionante, sans que l'auteur en fasse trop.

Petit à petit

2 septembre 2007

Où le mystère demeure...

rating: K+
note aux lecteurs: ce truc, je tiens à vous prévenir, est un peu bizarro-poétique  avec overdose de pseudo-lyrisme.

pr_L'atmosphère était lourde et le ciel pesait sur ses épaules. Les nuages formaient un amas de gris de toutes nuances: du gris le plus pâle jusqu'au noir le plus sombre, en passant par l'anthracite et le plomb. Ils se mouvaient dans une lente valse au-dessus de sa tête. On était en plein milieu de l'après-midi mais tout portait à croire que la nuit allait bientôt tomber. Il n'y avait pas un souffle de vent et les arbres alentours étaient parfaitement immobiles.
Il avança vers le bois qui s'étalait devant lui, semblant le guetter. Malgré une légère hésitation son pas restait ferme. L'herbe bruissait sous ses pieds, se courbait sur son passage avant de se redresser dans son dos. Toute la campagne des environs était noyée dans cette obscurité qui donnait aux réalités les plus triviales cet aspect fantasmagorique. Lorsqu'il atteignit l'orée du bois, il s'arrêta. Un rai violacé déchira le ciel, illuminant les collines environnantes. Un roulement de tonnerre suivit de près, résonnant dans ce désert humain.
Goutte à goutte, la pluie se mit à tomber. Il se décida, inspira un grand coup et entra dans le bois. Lorsqu'il eut franchi la ligne de chênes, il la sentit, cette magie qui le protégeait. Un frisson lui parcourut l'éxhine et un étrange picottement se propagea dans ses doigts. Et ce fut tout. Cela cessa aussi rapidement que cela avait commencé. Il douta même avoir passé cette barrière.
Il commença son avancée. Au début, la végétation était d'une telle densité qu'il avançait difficilement. Lierres et liserons s'enlaçaient tendrement aux troncs épais des aulnes et des charmes. Les bouleaux pleuraient leurs feuilles sur fougères et bruyères en fleurs. L'air était maintenant rempli d'humidité, la pluie tombait dru et la vue était brouillée. Tout ne formait qu'un amas vert dissimulé derrière un rideau de gouttelettes étincelantes. Il ferma un instant ses paupières. La terre commençait à exhaler son parfum entêtant et ses arômes puissants.
Peu à peu, l'homme semblait avoir domestiqué cette nature sauvage. Ou plus exactement, la nature avait cédé un peu de place à l'homme. Des allées de gazon, désormais gorgé d'eau, se dessinaient çà et là. Des taches mauves, rouges, orangées apparaissaient. De temps à autre, une dalle où poser son pied. Un muret, un pot. Mais partout, des amas de plantes, de feuilles, de rameaux s'emmêlaient dans un désordre sans nom. Tout cela semblait inextricable, tout comme ce sentiment qui lui étreignait le cœur. Il avançait, mais inconsciemment, il avait ralenti son pas.
Il suivait maintenant un ru sinuant dans le cresson. La pluie tombait plus drue que jamais. Les lianes chargées d'eau caressaient ses épaules au passage, les arbres s'inclinaient devant lui. On n'entendait rien que ce clapotis. Il ne sut combien de temps il marcha. Cet îlot de verdure luxuriante perdu au milieu des champs. Un endroit que personne n'avait jamais pénétré, personne d'autre que lui. C'était un jardin que ses amis lui avait offert. Son secret jardin. Il lui avait fallu du temps pour obtenir que le Secret lui soit révélé, mais il avait fini par les convaincre. Ou plutôt, les persuader. S'il avait su qu'un jour il aurait à atteindre ces extrémités...
Sa robe grise était maintenant détrempée. Il avait déjà ôté ses chaussures en entrant dans le jardin, par respect autant que pour sentir la fraîcheur de l'herbe sous ses pieds. En cet endroit du jardin, la terre mêlait son parfum à la forte odeur du thym, de la mélisse et de la sauge. L'effluve plus discrète de la menthe sauvage s'y ajoutait par moment. Et c'est là qu'il
le vit. Assis sur une pierre, prostré dans une attitude désolante. La pluie avait trempé sa chemise et ses cheveux noirs gouttaient lamentablement. Sans s'en rendre compte, il retint son souffle et suspendit tout mouvement lorsqu'un sanglot secoua cette silhouette. La pluie s'était calmée et quelque part dans cette verdure un oiseau chanta. Trois notes. Puis ce fut le silence. La pluie avait cessé de tomber. Seules les gouttes tombant des arbres continuaient à bruire doucement.
Il fit un pas. Puis un autre. Et sans trop savoir comment, il se retrouva à ses côtés.
Lui n'avait rien vu, rien entendu. Alors il s'accroupit. Ses yeux étaient fermés. Il passa une main sur sa joue mouillée. Larmes ou gouttes de pluie? Il n'aurait su le dire.
pr_rayon Il ouvrit les yeux, surpris, mais ne dit rien. C'est à peine s'il réagit quand il sentit ses lèvres capturer les siennes. Lorsqu'il recula, il prit ses doigts gelés dans ses mains, tout aussi froides. « Pardon, » murmura-t-il. La pluie doucement les frigorifiait, mais ils n'en avaient cure. Il ne lui posa pas de question. Et jamais il ne lui dirait qu'il avait tourné des semaines durant autour de ce jardin perdu avant de pouvoir en pénétrer le cœur.
La pluie s'était remise à tomber, mais quelque part au-dessus de leurs têtes, un rayon de soleil perça les nuages. Une fraction de seconde. Le temps d'un regard, le temps d'un soupir.

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2 septembre 2007

Les amis du temps passé

auteur : darktwin
traducteur : fenice
genre : angst ?, slash
personnages : Remus Lupin, Sirius Black, Severus Snape
rating : M
résumé :
Severus a de la rancœur, Sirius a des désirs et Remus a un secret. Aucun d’eux n’aurait pu choisir un pire moment que ce réveillon 1995 pour le révéler.
mon avis : ***
D'habitude, je ne suis pas fan de ce genre de fics : voir des personnages que j'aime se torturer psychologiquement, ça a tendance à me déprimer. Mais cet OS, fort bien traduit (au point qu'on ne sent pas l'anglais !) réussit une peinture très juste des trois personnages, totalement en accord avec ce qu'on sait d'eux dans les livres mais en explorant douloureusement leurs failles et leurs zones d'ombre. Tout est dans l'intensité des émotions : ce qui s'est vraiment passé n'est pas explicité, il faut lire entre les lignes pour le savoir.

Les amis du temps passé

2 septembre 2007

Orgueil purebloodien

Premier jet d'un petit truc court sur Narcissa... Work in progress :)

rating : G

personnages : Narcissa Black, Lucius Malfoy. Mention de la famille de Narcissa

La foule grouillant sur le quai l’avait déjà impressionnée : dans la famille de Narcissa, tout se faisait dans le calme. Les mots, nets et précis, comme découpés au scalpel, étaient tous prononcés sur le même ton égal, avec cette voix tranquille et veloutée qui semblait être la marque de sa famille. Les élèves qui hurlaient, couraient, s’interpellaient, se chamaillaient, s’embrassaient lui avaient semblé un tumulte au-delà du concevable. Mais elle s’était fermement accrochée à sa valise, avait écouté les dernières injonctions de ses parents pour sa première année à Poudlard et avait suivi Bella et Andro avec tout le calme et dignité dont une Black devait faire preuve.

Mais, une fois dans le wagon, ses deux sœurs s’étaient éclipsées comme par enchantement. Désemparée, Narcissa, portant fièrement sa valise, parcourut le couloir. Il y avait des cris et des bruits de bataille explosives et des silhouettes d’élèves qui se ruaient tout près d’elle comme de vastes courants d’air.

Un éclair blond, et Narcissa aperçut quelqu’un qu’elle connaissait ; elle n’avait vu Lucius Malfoy qu’un petit nombre de fois, et elle savait qu’il était de famille « respectable » comme aurait dit sa mère. Elle savait que le clan Malfoy était en rivalité avec le clan Black, mais ils n’en partageaient pas moins les mêmes valeurs. Lucius Malfoy avec ses traits fins et ses cheveux blonds ressemblait aux héros des contes que leur racontait parfois leur vieil elfe de maison, ou parfois son père, quand il sortait de sa bibliothèque quelque grimoire aux gravures enchanteresses, où de jolies sorcière de bonne famille épousaient des héritiers non moins racés ; la richesse des toilettes des héroïnes avaient toujours fasciné Narcissa, qui, quand son père ne pouvait pas la voir, caressait rêveusement les pages d’illustration du bout de ses petits doigts. Lucius Malfoy semblait l’avoir reconnue et se dirigea vers elle d’un pas assuré, qui lui donnait fière allure, du moins le pensait-elle. Narcissa s’appliqua à faire une parfaite révérence, comme lui avait appris son maître de danse, payé cinq mornilles la leçon.

A sa grande surprise, le garçon éclata d’un rire méprisant. Désemparée, Narcissa en oublia jusqu’à son maintient : qu’est-ce qui n’allait pas ?

« Voyons, petite Black, nous ne sommes pas dans un salon. On ne fait pas de révérences à Poudlard. »

Petite Black ? Pour qui ce garçon hautain se prenait-il ? Pensait-il vraiment pouvoir apprendre les bonnes manières à Narcissa ? Quel toupet, vraiment !

« Ce n’est pas à toi de dire comment se comporter à quelqu’un dont la famille existait déjà au temps des Fondateurs !

- Peuh ! Tout le monde sait que c’est n’importe quoi ! Et puis, d’ailleurs, tu n’es même pas une Black ! »

Narcissa se raidit sous l’insulte. Elle n’allait certainement pas se laisser faire par ce garçon prétentieux !

« Tu ne t’es jamais demandée pourquoi tu étais la seule blonde de ta famille ?  susurra-t-il.

- Quoi ? s’exclama Narcissa, avant de se rappeler qu’une jeune fille de sa condition se devait de dire ‘Plaît-il’ et non beugler ‘quoi’ comme une vulgaire moldue

- Ni pourquoi tu n’as pas un prénom d’étoile, alors que tout le monde en a un chez toi ? Mais tu es stupide ! D’ailleurs, c’était obligé, puisque tu es une fille !

- Co-comment ?

- Il y en a qui disent que tu n’est pas la fille de ton père, voilà ! Que tu n’es pas une vraie Black… »

Narcissa, sa main toujours agrippée sur la poignée de sa valise, en resta figée. Lucius lui fit un clin d’œil et s’en alla de son pas conquérant.

Le train démarra, mais elle le remarqua à peine. Foi de Narcissa Black, cela n’allait pas se passer comme ça ! L’honneur de sa famille avait été mis en jeu !

A partir de ce jour, Narcissa décida de se comporter avec la dignité et l’honneur qui seyaient à son rang, et ce en toutes circonstance : elle prouverait à tous qu’elle était bien une Black, et à ce Lucius Malfoy en particulier.

1 septembre 2007

Attention au départ! (Où l'on court après le train)

rating: K+

 

IMGP0507

Soudain, il réalisa. S'il ne lui avouait pas dans les minutes qui suivaient, jamais plus il ne pourrait le faire. Alors il s'élança. Le train allait bientôt partir.
Ses pieds semblaient ne pas toucher le sol. Il courait, contournait habilement les quelques promeneurs qui erraient çà et là, sur la grande place à l'entrée de la gare. Il franchit les portes au moment où elles se refermaient. Il ne savait quelle direction prendre. À droite? À gauche? Il avisa un panneau qui fléchait les trains de banlieue tout droit. Un rapide coup d'oeil et il reprenait sa course effrénée.
C'était un samedi. Les voyageurs se bousculaient. Il dut stopper sa course, il ne pouvait plus passer. Il enchaînait les « pardon » et les « excusez-moi », comme un moine enchaînerait les « ave » et les « pater noster ». Il jouait des coudes. Le train allait partir.
Son cœur battait la chamade. Il ne devait pas le laisser partir sans le lui avoir dit. Il devait absolument avoir le train. Il ne pouvait pas le rater. Un groupe de Japonais qui attendaient, plantés là avec toutes leurs valises identiques. Au milieu de passage. Draco fulminait. Pour ne pas tomber, il dut faire un détour. Il reprit sa course, d'un pas plus heurté.
Il évita de justesse un couple qui s'embrassait, manqua écraser la queue d'un teckel qui se mit à lui aboyer après, contourna une grosse dame. Il commençait à s'essouffler. Il sentait le sang qui lui montait au visage. Il savait qu'il n'était plus coiffé. Mais il n'en avait que faire: le train allait partir.
Il courut. Se retrouva bloqué devant les tourniquets: il n'avait pas de titre de transport. Il hésita à peine lorsqu'il vit passer un homme en costume: il prit sa suite et sauta lestement par-dessus la barrière. Il remercia Merlin pour ne s'être pas pris les pieds dans la barre mais le maudit aussitôt après en entendant le sifflet du contrôleur. Tant pis, il détala comme un lapin: le train allait partir.
Le contrôleur à ses trousses, Draco n'en courait que plus vite. Les gens le regardait passer avec un drôle de regard. Il arriva devant un immense escalier. Il entendit une sonnerie. Le train! Il allait partir! L'escalator était en panne. Draco jura tous sur tous les sorciers qu'il connaissait sans pour autant ralentir son pas. Le train allait partir!
Il grimpa les marches quatre à quatre. Les talons de ses bottes claquaient sur le sol dur. Derrière lui retentissait le sifflet du contrôleur. Il donna toute son énergie dans cette montée, mais les marches semblaient ne jamais devoir finir. La sonnerie. Le claquement. Le sifflet. La sonnerie. Le claquement. La sonnerie. La train allait partir.
D'autres personnes couraient. Enfin il atteignit la dernière marche. Quelle voie? Panique. Son sang pulsait bruyamment dans ses oreilles. La sonnerie. Une lumière. Une voix off qui annonçait le départ.
Draco ne s'arrêta même pas. Il courut. Le train allait partir. Il courait, toujours, sans s'arrêter. Ses pieds, ses jambes lui faisaient mal. Il n'entendait plus que les battements de son cœur. Et cette sonnerie, stridente. Enfin il vit le dernier wagon. Il n'avait plus que quelques mètres à faire, il allait l'avoir, il pouvait l'avoir, il devait l'avoir. Il accéléra, comme si sa vie en dépendait. Le train allait partir.
La sonnerie cessa. Les portes commencèrent à se fermer. Draco hurla et dans un dernier élan se jeta contre la porte qui était presque refermée.

 

oOo°oOo

 

Il entra d'un pas las dans le wagon. Le dernier, il n'avait pas le courage d'avancer plus loin. La tête basse, il avança entre les rangées de sièges. L'air était suffocant. Il trouva une place et s'assit, appuyant son front moite contre la vitre rayée.
Il était parti. Sans trop penser à ce qu'il faisait. Une sorte d'habitude. Pourquoi serait-il resté? Il n'était jamais resté. Il ne pouvait pas rester. Alors comme à son habitude, il l'avait quitté, sur un simple regard. Draco était habitué maintenant à le voir partir. À chaque fois, il l'accompagnait à la gare et le saluait juste à l'entrée. Il ne l'avait jamais retenu. Bien sûr, depuis longtemps maintenant, leur relation était plus qu'amicale. En réalité, elle n'avait jamais été amicale. À croire que pour eux, c'était tout ou rien. Draco avait certes changé de camp, ça n'avait pas pour autant fait d'eux les meilleurs amis du monde. Bien au contraire! Et puis, avec le temps, ils avaient semblé mieux s'entendre, mais Harry savait désormais ce qu'il en était. Leur rivalité avait redoublé et leur relation était devenue de plus en plus instable et chaotique. Alors il était parti à l'autre bout du pays refaire sa vie. Cependant, il n'avait pas tenu bien longtemps sans le voir. Ou alors était-ce Draco qui avait fait le premier pas? Il n'en savait plus rien maintenant: tout cela était si loin!
Depuis plusieurs années, ils se voyaient régulièrement, quand ils en avaient l'occasion. Quand ils en avaient envie? Pas vraiment... Mais de plus en plus quand ils en avaient besoin, Harry le ressentait. La première fois qu'ils s'étaient revus, l'atmosphère avait été tendue et emplie de quelque chose d'indéfinissable. Au bout de deux rendez-vous, ils avaient craqué, comme d'un commun accord. Tous deux s'étaient jetés sur les lèvres de l'autre avec une voracité qui les avait laissés pantois plusieurs minutes. Puis les rendez-vous s'étaient multipliés. En général, c'était Harry qui allait chez Draco, en train. Plus rarement, Draco se rendait chez Harry à l'improviste. Une fois, cela avait failli tourner à la catastrophe: Harry avait invité Ron et Hermione à dîner. L'esclandre avait été évité de peu et depuis ce jour, Draco n'avait pas remis les pieds chez lui.
Il y avait eu un moment d'accalmie, mais depuis quelques mois, Draco le conviait de plus en plus souvent. Ou bien était-ce Harry qui refusait de moins en moins? Quoi qu'il en soit, il y avait désormais quelque chose de plus entre eux. Harry n'était sûr de rien. Mais quelques minutes plus tôt, il avait ressenti comme un pincement dans sa poitrine en saluant son amant d'un simple regard. Ils n'avaient pas l'habitude des effusions en public et la routine était tenace. Harry n'avait pas osé l'embrasser. Pas même un simple baiser volé. Il était parti, sans se retourner, resserrant son imperméable autour de lui, comme pour garder un peu de sa chaleur.
Maintenant, il ressentait comme un besoin au plus profond de lui: il fallait qu'il le voie, qu'il l'embrasse, qu'il l'enlace. Il n'en pouvait plus. Il avait besoin de lui. Il ne pouvait plus nier l'évidence. Une évidence criante.
Le sonnerie retentit dans le train. Harry se leva, récupéra son sac et descendit rapidement les quelques marches. « Monsieur! » un homme agitait quelque chose. « Monsieur! Vous oubliez votre journal! » Mais qu'est-ce que Harry pouvait faire d'un journal quand il allait rejoindre l'élu de son coeur? Il ignora l'homme, qui abandonna la partie.
Au moment où Harry allait sortir, la sonnerie cessa. Les portes commencèrent à se fermer. Et là, un hurlement. Son cœur manqua un battement. Harry se précipita sur la porte et pesa de tout son poids pour permettre à la personne qui tentait désespérément de monter de se glisser dans l'étroit passage.

 

oOo°oOo

 

« Harry! » s'exclama Draco dans un soupir de soulagement. Il était hors d'haleine et avait les joues écarlates. Ses jambes tremblaient et le portaient à peine. Il finit par s'asseoir sur les marches. Tant pis pour l'état de son pantalon! Harry qui se remettait difficilement de sa surprise s'était accroupi auprès de lui. Alors ils se dévisagèrent sans mot dire. Les voyageurs les dévisageaient d'un drôle d'air, mais eux se contentaient de les ignorer: ils semblaient seuls à cet instant précis.
Devant le regard interrogateur de son vis-àvis, Draco souffla: « J'avais quelque chose à te dire... » Et sans autre préambule, il combla la distance qui les séparait. Ils s'embrassèrent comme si leur vie en dépendait sous les regards incrédules, héberlués ou attendris des passagers. Lorsqu'ils levèrent les yeux, le train avait quitté la gare.

29 août 2007

La paresse

rating: K+
personnages principaux: Severus Snape, le comte de la Paresse (celui-ci est à moi à moi à moi! :D)

Les_Mille_et_une_nuitsQuelle journée harassante! Les élèves avaient été insupportables ce jour, et le professeur Snape n'en pouvait plus. Au diable les copies à corriger! Après un bon bain chaud, auquel il avait ajouté une potion de sa création, il se coucha dans ses draps fleurant bon la lavande. Quelques minutes plus tard, on pouvait entendre dans le couloir un ronflement sonore provenant du bureau du professeur...
Driiiing! Driiiing! Un grognement sortit de sous l'édredon. Une main s'éleva et s'abattit rudement sur le pauvre réveil qui n'en avait pas tant demandé. La sonnerie cessa, le bougonnement dura quelques secondes avant de n'être plus qu'un souffle régulier... puis deux grands yeux noirs et bouffis se rouvrirent avec difficulté. Snape se redressa en maudissant le sort qui l'avait fait professeur. Tout en maugréant, il s'habilla. Au moment où il allait prendre sa baguette pour aller petit-déjeuner, un léger coup fut frappé à la porte.
« Entrez. » ronchonna-t-il. Mais qui pouvait bien le déranger à une heure pareille? Puis son souffle se bloqua dans sa gorge quand il vit dans l'encadrement de la porte un homme qu'il n'avait jamais vu auparavant. Qui pouvait être cet énergumène, vêtu en tout et pour tout d'un pantalon à l'orientale, dont l'étoffe semblait plus légère que l'air. La couleur turquoise du vêtement contrastait avec la peau sombre du jeune homme. De grandes boucles brunes encadraient son visage angélique, au regard noir et langoureux. Le vieux professeur déglutit bruyamment. Mais que lui arrivait-il? Que faisait donc là cette créature du diable?
« Bonjour Monseigneur... commença l'apparition. Pourquoi vous être levé de si bon matin quand tout le château dort encore? » Un regard incrédule lui fit comprendre que le professeur ne voyait pas où il voulait en venir. « Mais voyons, il n'est pas encore deux heures. Retournez vous coucher! »
Obéissant tel un automate, Severus Snape fut revêtu comme par enchantement d'une longue et douce chemise de nuit avant de se faufiler sous un édredon qu'il ne connaissait pas. Mais il ne s'en préoccupa point outre mesure et se rendormit comme un bienheureux, sourire aux lèvres. Non loin de là, un certain jeune homme s'assoupissait dans un profond fauteuil, laissant s'échapper une aura argentée dans la pièce.
Une odeur douce et sucrée vint chatouiller les narines du maître des potions. Il papillonna, observant la pièce où il se trouvait. C'était bien son appartement: murs couverts de tentures chaleureuses, parquet bien ciré, meubles anciens un peu tarabiscotés, fioles et chaudrons méticuleusement rangés et triés. Cependant, il lui semblait que le lit était différent. Plus moelleux, plus duveteux, plus confortable. Par Merlin! Il ne pourrait jamais s'en sortir! C'était tout simplement le Paradis! Et le voilà qui s'étire paresseusement, avant de refermer les yeux, savourant cette odeur.
« Vous êtes éveillé Monseigneur? » demanda une voix chaude. Un grognement lui répondit. « Parfait alors, reprit le jeune homme. Je vous ai préparé un bain. » Les yeux du professeur s'agrandirent tout d'un coup! Comment? Cet empêcheur de tourner en rond était en plus pervers? Il manqua s'étrangler. Comprenant la réaction de son aîné, le supposé pervers s'empressa de le rassurer: qu'il ne s'inquiète pas, il le laisserait seul dans la salle de bains! Alors le professeur s'extirpa lentement de son lit et s'éloigna d'une démarche pataude.
Merlin que c'était bon! Le Léthé n'était rien à côté de ce bain à la violette et au pavot... Son cerveau pensait aux élèves qu'il ne verrait pas aujourd'hui. Aux copies qu'il ne corrigerait pas. Il avait le temps! Il ferait ça plus tard. Une brume avait envahi sa boîte crânienne, le déconnectant ainsi de la réalité. Il était bien. Et toute la journée se déroula comme elle avait commencé: dans une débauche d'oisiveté et de mollesse. Il restait assis et écoutait la mécanique de sa pendule. Il observait entre ses cils le jeune homme qui semblait aussi en proie à la somnolence. Ainsi il s'agissait du Comte de la Paresse. Perdu dans les méandres de ses réflexions, il finit par sombrer de nouveau dans un profond sommeil.
Driiiing! Driiiing! Encore! Mais ce réveil semblait complètement détraqué! Deux fois qu'il sonnait en une journée! Reprenant soudainement conscience, Severus Snape s'empressa de se relever et de vérifier que tout était normal. Matelas de laine, draps blancs, couverture à fleurs... il avait même recouvré son pyjama à rayures! Ouf, ce n'était qu'un cauchemar... Merlin qu'il avait eu peur! Une journée à ne rien faire! Non mais rendez-vous compte! Puis il se leva, sauta dans se vêtements et s'apprêta à s'emparer du paquet de copies qui trônait sur son bureau quand il vit avec stupeur une plume turquoise émettant une faible lueur argentée sur le dessus du paquet...

28 août 2007

L'orgueil

rating: K+
personnages principaux:
Hedwige, le duc de l'Orgueil

aigleIl faisait nuit maintenant. Une brume épaisse sortait de la forêt et s'étendait sur le parc. À l'orée du bois, abrité derrière le large tronc d'un arbre biscornu, se tenait un homme d'un certain âge. Ses cheveux blancs, coiffés en catogan, faisaient ressortir les traits émaciés de son visage sévère. Les deux yeux d'un bleu délavés, tirant sur le mauve, semblait n'avoir jamais souri et étaient surplombés de fins sourcils, haut placés sur le front. Cet homme au corps élancé, portait en cet instant redingote, col dur et bouton de manchettes. Son aspect guindé n'empêchait pas de laisser transparaître dans les gestes une aisance certaine.
Le vent se leva. Les nuages se mirent en mouvement. La lune se découvrit, baignant le parc d'une douce lumière. Au loin le château se découpait dans un rayon de lune. Quelques fenêtres étaient encore éclairées. Un léger brouhaha provenait de la volière où les oiseaux commençaient à s'agiter pour aller chasser. L'homme observait calmement les allées et venues des volatiles. Puis, lorsque de nouveau l'astre lunaire disparut derrière un épais nuage, il murmura quelques mots. En un sifflement, le voilà haut dans le ciel. Il ne restait de lui que ce regard clair et froid, ainsi que la couleur de son plumage, rappelant aisément celle de son costume: pennes noires, plumes gris taupe et duvet blanc. Profitant des courants ascendants, il plana tranquillement jusqu'à la volière, à l'entrée de laquelle il se posa majestueusement.
Jetant un regard circulaire sur ses comparses, l'épervier avisa une chouette blanche, perchée tout en haut, dominant ainsi la volière, et dormant pour le moment. Alors, une onde dorée se diffusa dans la pièce circulaire balayée de courant d'air, s'éleva jusqu'à l'effraie blanche et l'enveloppa. Quelques minutes plus tard, Hedwige, car c'était elle, ouvrait un oeil agacé. Mais qu'est-ce qui la réveillait ainsi au milieu de la nuit? Elle aperçut alors le superbe épervier qui l'observait depuis la fenêtre. Celui-ci la provoqua d'un cri, semblant la défier. Hedwige l'ignora superbement, détourna la tête avec un air de mépris bien affiché.
L'épervier se jeta alors dans les airs, lançant un cri perçant qui sonna comme une insulte aux oreilles de la chouette. Cette dernière finit alors par s'élancer à la suite du rapace. À ce moment-là, quiconque aurait levé les yeux au ciel aurait aperçu une drôle de poursuite dans les nues. Plus qu'une poursuite: il s'agissait en réalité d'une lutte. Le vainqueur serait celui qui parviendrait à montrer sa supériorité à l'autre. C'était à qui aurait le vol le plus majestueux, tout en étant le plus rapide. L'épervier avait cet avantage qu'il n'avait pas volé de la journée: il était parfaitement frais et dispos, et cela se ressentait. Mais Hedwige redoubla d'effort. Cependant, malgré ce regard qui l'insupportait au plus haut point – presque humain pensait-elle – la chouette ne pouvait s'empêcher d'admirer la grâce du rapace, et un hululement d'admiration lui échappa lorsque ce dernier passa dans un rayon de lune et que son plumage se mit à luire, le temps de quelques secondes. Ce son lui échappant la sortit de sa rêverie: cet oiseau était peut-être admirable, mais cela ne lui donnait en rien le droit de l'éveiller en pleine nuit! Non mais pour qui se prenait-il? Quand on avait un minimum de savoir-vivre, on n'éveillait pas une dame de haute lignée! Toute sa famille était de la même race et était fière de sa spécificité, à savoir un plumage immaculée. Aucune plume plus sombre ne s'était jamais glissée au milieu des autres, et ce depuis des générations... Il était temps de montrer à cet énergumène qui elle était!
Mais après une demi-heure de vol, la chouette commença à fatiguer. Son vol n'était plus régulier, et l'épuisement – c'est bien connu – n'améliore guère la beauté d'un individu. Or Hedwige n'en pouvait plus et rester digne devenait bêtement impossible. De plus elle perdait du terrain sur son adversaire. L'épervier lui jeta un regard méprisant, ce qui acheva de briser la pauvre Hedwige, qui s'en retourna déconfite et désappointée à la volière.
« Hedwige! Tu veux bien descendre s'il-te-plaît? J'ai une lettre à envoyer. » Harry tentait vainement de faire descendre sa chouette. Mais qu'était-elle allée se percher tout en haut? Pour toute réponse, celle-ci lui lança un regard glacial et lui tourna le dos. « Bon très bien, si tu le prends comme ça, je vais demander à Coq... » Il n'eut pas le temps d'achever se phrase que déjà l'effraie fondait sur lui. Il attacha le parchemin à sa patte et lui caressa doucement les plumes. « Tiens? Tu as des plumes noires maintenant? » Si Harry avait à cet instant regardé par la fenêtre, il aurait vu un homme quitter le parce du château dans le soleil levant: le duc de l'Orgueil avait vaincu, une fois de plus.

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