Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Magnolia Crescent
Magnolia Crescent
Publicité
Archives
12 juillet 2007

L'avarice

rating: K+
personnages principaux: le saule cogneur, Hannah Abbot, l'Avarice

dryade1_de_lledelwin Il était jeune encore mais déjà possédait les caractéristiques des plus vieux spécimens de son espèce: tronc noueux, une écorce se détachant par lambeaux, et surtout, un caractère bien trempé, marqué par une susceptibilité exacerbée. Cependant, son feuillage d'un vert pâle aux reflets argentés, ses longues lianes souples, sa silhouette torturée et presque féline avaient tout pour plaire. C'est pourquoi, peu de temps après sa plantation dans le parc de l'école, le saule cogneur avait attiré une horde de jeunes dryades qui s'étaient battues pour obtenir sa garde. Celle qui avait remporté la lutte était une jeune fille qui, étrangement, possédait les même caractéristiques que son hôte: féline et souple, elle n'était pas jolie, mais avait un quelque chose qui charmait. Au départ, la cohabitation de la nymphe et de l'arbre se fit sans problème. Ils n'avaient pas de secrets l'un pour l'autre et vivaient à coeur ouvert. Ils fusionnaient totalement.
Un soir, alors que l'astre solaire venait de disparaître derrière l'horizon et que la terre dégageait son parfum entêtant, quelqu'un s'avança dans l'ombre. Une silhouette toute petite. Un tintement. La dryade tendit l'oreille. Un mauvais pressentiment lui étreignait le coeur. C'est alors qu'elle vit une minuscule femme tout d'or vêtue. Partout des pièces de métal précieux: en colliers, en ceinture, brodées... c'était donc cela qui tintinnabulait dans la nuit! Les yeux de cette femme semblaient eux aussi deux pièces d'or. Ses cheveux d'un châtain sombre, tirant sur l'auburn, faisait ressortir la pâleur de sa peau. Cette femme semblait sculptée dans du cristal tant elle était fine; ses mains étaient ciselées. Elle s'approcha de l'arbre, le sonda de son regard doré. Elle savait que si elle faisait un pas de trop, l'arbre et sa créature s'en prendraient violemment à elle. Or, elle avait besoin du saule.
En voyant cette espèce de fée tourner autour de son arbre, la nymphe sentit son coeur se glacer. Elle avait peur qu'on ne lui ôte sa place. Elle s'accrocha alors désespérément à l'écorce, fusionna son esprit avec celui de l'arbre. Celui-ci frémit et un frisson agita ses feuilles. L'Avarice cessa tout mouvement, tendit l'oreille et sentit ce qui était en train de se passer. Quelle sotte! songea-t-elle. Et une aura lumineuse s'épandit dans l'atmosphère et enveloppa l'arbre tout entier.
Aussitôt, celui-ci ressentit la présence de la dryade de façon beaucoup plus aiguë. Son caractère violent, sa susceptibilité, tous ses mauvais penchants s'exacerbèrent dans un seul but, protéger cette créature qui habitait son sein, sa moitié, cette partie de lui-même. Cette réaction n'était pas du tout celle qu'escomptait le Péché. Elle eût préféré une réaction inverse, mais apparemment, ces deux-là étaient trop liés pour qu'elle puisse les séparer. Très bien! Puisque le sort se jouait ainsi d'elle, elle ferait en sorte que leur union soit fatale à la nymphe. Et pour la deuxième fois, une aura enveloppa le saule cette-nuit-là.
Alors l'arbre sentit la dryade disparaître. Ce n'était pas qu'elle disparaissait, mais disons que sa présence devenait imperceptible aux sens du saule. Quelque chose de plus fort s'était glissé entre ses racines; il ne savait quoi mais avait le sentiment que si cette chose venait à disparaître, il mourrait, et sa protégée avec lui. Cette dernière se sentait oppressée, elle étouffait sous cette écorce, mais son arbre ne semblait pas s'en rendre compte. Elle percevait des ondes de haine, d'égoïsme qui transperçaient sa pauvre âme de part en part et couvraient sa propre jalousie ainsi que son désespoir. L'arbre était désormais sourd à ses protestations. L'Avarice exultait. Son bien le plus précieux gisait maintenant au pied de cet arbre et seul celui qui l'aurait vue agissant serait capable de le déceler. À condition que l'arbre le laisse passer.
Lovée dans ses couvertures, Hannah Abbot ouvrit les yeux. Quel était ce rêve étrange? Il lui semblait qu'une force irrationnelle l'attirait au-dehors. Elle sortit de son lit, enfila chaussures et pull-overs, traversa le dortoir endormi des Poufsouffle puis les couloirs avant de sortir dans le parc. Phoebée avait disparu et bientôt son frère la replacerait sur la voûte céleste. L'herbe était trempée de rosée. Hannah se rendit auprès du saule cogneur. Elle s'approcha de quelques pas, mais aussitôt l'arbre se mit à frémir. Ses branches commencèrent à valser dangereusement. La jeune fille recula. Mais que pouvait avoir dissimulé cette petite dame? C'est alors qu'elle se souvint de ce qu'elle avait entendu dans son rêve. Avarice, cette femme était l'Avarice... elle n'avait donc rien caché dans les racines de l'arbre, seulement un leurre et un morceau d'elle-même, à savoir une partie de son vice, une partie de se vie.
Hannah s'en retourna alors au château, l'esprit tranquille. Mais elle ne vit pas le léger scintillement au milieu du feuillage du saule: accrochée parmi les feuilles luisait doucement une plume mordorée.

Publicité
Publicité
Commentaires
I
je sais, tu le connais déjà. mais ce site est fait pour TOUTES nos fics... alors, pour qu'il ne tombe pas dans l'abandon, je nourris notre blog chéri! ;-)
Publicité